"Car rien ne se crée (…) il n'y a que des changements." Lavoisier 1789

Les Echos 14 août 2013 PEMEX

Les Echos 14 août 2013 PEMEX

14-08-2013

L'enjeu est important pour Pemex qui reverse plus de la moitié de ses revenus en taxes. « Aujourd'hui, Pemex gagne de l'argent sur l'amont, mais reperd beaucoup du fait du contrôle des prix des carburants et de sous-investissements dans le raffinage, ce qui est d'ailleurs un classique dans les pays émergents », note Denis Florin, associé de Lavoisier Conseil. La modernisation de Pemex n'implique pas en tant que telle une privatisation ou une ouverture de son champ pétrolier. Face à la difficulté de réformer l'entreprise de l'intérieur, cette réforme est peut-être pourtant la voie de la moindre résistance au changement. » Pemex a fait l'objet de plusieurs affaires de corruption et de détournement de fonds ces dernières années.

Car Pemex cherchera à se développer en mer. « Dans le golfe du Mexique, la densité des champs offshore en production est bien plus faible côté mexicain qu'américain », note Denis Florin.

Pemex, une compagnie en quête de modernisation

Par Veronique Le Billon | 14/08 | 06:00

La production de brut décroît. Le pays dispose d'importantes réserves de gaz et de pétrole de schiste.

Le projet de révision constitutionnelle ouvre des perspectives pour l'Etat mexicain, dont un tiers des recettes fiscales proviennent du pétrole, et pour les investisseurs étrangers, en quête de relais de croissance. La production de brut de Pemex, la compagnie nationale en situation de monopole, s'érode inexorablement depuis son pic de 2004. Elle s'est établie à 2,5 millions de barils par jour (Mb/j) au deuxième trimestre de cette année, en recul de plus de 25 % en huit ans. Son gisement phare de Cantarell, à 100 kilomètres au large du Yucatan, s'épuise et les explorations ces dernières années n'ont pas inversé la tendance. Avec la réforme, qui doit apporter expertises et investissements extérieurs, Mexico parie sur une production autour de 3,5 Mb/j à l'horizon 2025.

L'enjeu est important pour Pemex qui reverse plus de la moitié de ses revenus en taxes. « Aujourd'hui, Pemex gagne de l'argent sur l'amont, mais reperd beaucoup du fait du contrôle des prix des carburants et de sous-investissements dans le raffinage, ce qui est d'ailleurs un classique dans les pays émergents », note Denis Florin, associé de Lavoisier Conseil. La modernisation de Pemex n'implique pas en tant que telle une privatisation ou une ouverture de son champ pétrolier. Face à la difficulté de réformer l'entreprise de l'intérieur, cette réforme est peut-être pourtant la voie de la moindre résistance au changement. » Pemex a fait l'objet de plusieurs affaires de corruption et de détournement de fonds ces dernières années.

Visées offshore

Exxon, Chevron, Shell ou Repsol se sont déjà manifestés. Total a seulement noué une coopération technique avec Pemex. Les compagnies opérant dans le golfe du Mexique côté américain, qui maîtrisent la géologie de ces gisements et disposent de toute la logistique, pourraient avoir un avantage comparatif. Car Pemex cherchera à se développer en mer. « Dans le golfe du Mexique, la densité des champs offshore en production est bien plus faible côté mexicain qu'américain », note Denis Florin.

Le gaz et le pétrole de schiste pourraient aussi être un axe de développement. Le Mexique se situe au sixième rang mondial pour les réserves de gaz de schiste (quatre fois plus qu'en France) et au septième pour celles de pétrole de schiste, selon l'US EIA. Un domaine que Pemex n'a fait qu'effleurer.

Reste à préciser les conditions contractuelles de l'ouverture du marché. La réforme prévoit un partage des revenus et non une concession, ni une ouverture du capital de Pemex. Le Mexique prendra probablement exemple sur son voisin brésilien Petrobras.

Véronique Le Billon, Les Echos